Souvent, la poésie ressemble à ces chantiers de fouille, à ces explorations dans les épaisseurs de la langue où l’on espère découvrir, comme l’écrit Grégoire Laurent-Huyghues-Beaufond, « cette langue la mienne » : une parole unique, aux rythmes et constructions inouïs, qui permet de voir le monde à nouveau. D’en refaire la traversée, depuis les déserts jusqu’aux mers.
Ce qui pousse la langue ressemble au journal de bord d’un orpailleur qui aurait fait une découverte inestimable et nous inviterait, à notre tour, à nous en saisir : « inventez, s’il vous plaît, votre histoire ».
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l’heure nombreuse
le jour nous collait sa poussière à la peau – on a la bouche mince, on a le regard frêle. on est entré : une ascèse de pierre pour l’épaule, lavandes rauques sous nos mains
le figuier nous plaquait son odeur rêche à la gorge, la douceur d’un laurier au regard et nos tempes. un buis sourd, franc comme poignée de main, des pots de grès humides : délassements à l’ombre, tables d’herbe verte qui – on y croit mal – sont les nôtres
l’heure nombreuse, le vent du soir, troupeau s’arrondissant sur l’herbe bientôt noire : nous est jardin tout ce qui brûle
Parution : 2024
ISBN : 978-2-84116-349-6
Pages : 112
Format : 14,5 x 20,5 cm
Prix 20 €
Publié avec le concours du Centre national du livre